La première fois que j’ai découvert la danse soufie, j’ai été littéralement hypnotisé. Ces silhouettes blanches qui tournoient avec une grâce infinie m’ont ouvert les portes d’un univers spirituel intéressant. Depuis, je me suis plongé dans cet art ancestral, cherchant ses racines, sa symbolique et ses techniques. Je vais partager avec vous ce voyage initiatique au cœur de cette pratique mystique qui transcende le simple mouvement pour devenir une véritable quête spirituelle. Préparez-vous à découvrir l’art envoûtant des derviches tourneurs et peut-être même à vous laisser tenter par quelques tournoiements…

Les origines et la spiritualité de la danse soufie

Des racines mystiques ancrées dans la tradition islamique

La danse soufie plonge ses racines dans le soufisme, cette branche mystique de l’Islam que l’on surnomme souvent la religion de l’amour et la voie du cœur. J’ai appris que cette pratique spirituelle est née au XIIIe siècle sous l’impulsion du poète mystique persan Jalal al-Din Rûmî. La légende raconte que Rumi se mit à tourner sans s’arrêter pendant des jours après la disparition de son maître spirituel Shams de Tabriz. Ce tournoiement, expression de sa douleur et de sa quête spirituelle, donna naissance à cette danse méditative.

Konya, en Turquie, est considérée comme le berceau de la danse soufie. C’est là que se trouve aujourd’hui le mausolée de Rumi, devenu lieu de pèlerinage pour les adeptes du soufisme. J’ai été touché par la profondeur historique de cette tradition qui traverse les siècles tout en conservant son essence spirituelle. Les soufis cherchent à transcender l’ego pour atteindre une connexion profonde avec le divin et le cosmos.

Une pratique spirituelle au-delà des religions

Ce qui m’a particulièrement frappé dans mon exploration, c’est la dimension universelle de la danse soufie. Bien qu’ancrée dans la tradition islamique, cette pratique s’ouvre aujourd’hui à tous, indépendamment des convictions religieuses. Elle devient un chemin d’exploration spirituelle accessible à chacun. Les danseurs recherchent le « hâl », cet état d’extase et de plénitude partagée qui survient pendant la danse.

J’ai compris que la danse soufie va bien au-delà d’une simple chorégraphie. Elle incarne une philosophie où le mouvement circulaire symbolise l’harmonie cosmique et l’alignement avec les forces de l’univers. Chaque tournoiement devient une prière en mouvement, une méditation active qui transforme le danseur de l’intérieur.

L’art du tournoiement : techniques et symbolique des derviches

La gestuelle sacrée du derviche tourneur

La beauté de la danse soufie réside dans la symbolique puissante de chaque geste. J’ai observé que les derviches tourneurs évoluent sur eux-mêmes dans un mouvement qui représente la rotation des planètes autour du soleil. Leur main droite se tend vers le ciel pour capter l’énergie divine, tandis que la gauche s’oriente vers la terre pour redistribuer cette énergie.

La tête, légèrement inclinée sur la droite, repose symboliquement sur « l’oreiller de Dieu » selon les soufis. Les danseurs tournent traditionnellement sur la gauche, créant un mouvement centrifuge d’expansion qui les relie au mouvement cosmique. J’ai été fasciné par la façon dont cette rotation continue crée un vortex énergétique qui facilite l’abandon de l’ego pour atteindre une conscience supérieure.

Élément du costume Symbolique
Tennure (robe blanche) Linceul symbolisant la mort de l’ego et la pureté
Sikke (chapeau cylindrique) Pierre tombale de l’attachement au monde matériel
Manteau noir Abandonné avant la danse pour symboliser le détachement

Les différentes techniques de tournoiement

Au fil de mes recherches, j’ai découvert qu’il existe plusieurs techniques de tournoiement. Le pas derviche turc est particulièrement complexe, exigeant un pivot sur l’avant du pied gauche qui demande équilibre et maîtrise. En revanche, le pas iranien, plus accessible aux débutants comme moi, permet au pied gauche de pivoter en glissant à plat, facilitant des rotations plus longues.

L’apprentissage traditionnel dans les confréries soufies dure 1001 jours, soit environ trois ans. Cette période symbolique témoigne de la profondeur de cet art qui va bien au-delà de la simple technique corporelle. J’ai appris que les mouvements doivent rester lents, réguliers et constants pour induire l’état méditatif recherché. La contemplation dans le mouvement devient alors possible.

Bienfaits et pratique contemporaine de la danse soufie

Les effets transformateurs sur le corps et l’esprit

Ma propre expérience m’a révélé les nombreux bienfaits de cette pratique spirituelle. Sur le plan physique, je ressens une amélioration notable de mon équilibre et de ma coordination. Le tournoiement régulier renforce la musculature profonde et développe une respiration plus ample et consciente.

  • Développement de la conscience corporelle et ancrage
  • État méditatif profond et lâcher-prise des pensées
  • Harmonisation des chakras et circulation énergétique
  • Connexion intuitive entre le cœur et l’esprit
  • Perception affinée du silence intérieur

Au-delà de ces aspects physiques, j’ai découvert que la danse soufie ouvre une porte vers la tranquillité intérieure et la présence consciente. Le tournoiement continu crée une forme de transe méditative qui permet de transcender les limites habituelles de la perception. Les soucis quotidiens s’estompent pour laisser place à une harmonie profonde.

Où et comment s’initier à la danse soufie aujourd’hui

Si vous souhaitez examiner cette pratique, sachez qu’elle est désormais accessible à tous, danseurs comme non-danseurs. Je me suis initié lors d’un atelier en France, mais cette danse mystique est particulièrement vivante en Turquie (Konya et Istanbul), en Iran et en Égypte où des cérémonies traditionnelles sont régulièrement organisées.

Des enseignants comme Rana Gorgani, artiste franco-iranienne, proposent une approche contemporaine et laïque de la danse soufie. J’apprécie particulièrement comment cette tradition ancestrale s’adapte à notre époque, parfois associée à d’autres pratiques comme le yoga derviche. Ces nouvelles approches conservent l’essence spirituelle tout en rendant la pratique accessible à un public occidental en quête de sens et d’expériences transformatrices.

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